C’est en 1825 que l’Angleterre inaugure sa première ligne de chemin de fer voyageurs entre Stockton et Darlington. Symbolisant l’aboutissement de décennies de recherches, cet événement fait entrer le continent européen dans une nouvelle ère : celle de la traction vapeur. La France apparaît dans ce contexte comme un acteur majeur de cette aventure technique. Compagnies, trains, gares, signaux, métiers sont autant d’éléments qui modifient, au XIX^e siècle, le rapport au temps et au territoire. L’expansion du réseau ferré nourrit simultanément un nouvel imaginaire qui participera à la naissance du patrimoine ferroviaire.

Le 12 juin 1971, le Musée Français du Chemin de Fer ouvre ses portes au sein de la demi-rotonde de Mulhouse-Nord. Marquant le début d’une aventure muséale qui poursuit actuellement son écriture, cette inauguration témoigne surtout des efforts déployés dès les années 40 pour accompagner ce projet culturel de longue haleine. Car les principaux enjeux soulevés lors des Expositions universelles du XIX^e siècle persistent : où et comment exposer le train, élément massif, organique et en constante évolution ?

Exposés de 1971 à 1976, les premiers matériels roulants présentés au sein de la demi-rotonde de Mulhouse-Nord permettent aux visiteurs de découvrir l’aventure du chemin de fer. Pourtant, comme le rappelle André Ségalat, Président de la SNCF au moment de l’inauguration officielle du 3 juillet 1971, l’histoire ferroviaire est en perpétuelle évolution. Alors que le bâtiment officiel sort progressivement de terre sur le site du Dornach, les fondateurs de l’institution imaginent déjà l’avenir : bientôt, les descendants du turbotrain feront leur entrée au musée.

C’est en 1976 qu’est inauguré le Musée Français du Chemin de Fer au cœur du Dornach, son emplacement définitif. Œuvre de l’architecte mulhousien Pierre-Yves Schoen, cet édifice mêlant béton armé et technique du lamellé-collé est conçu pour abriter une collection peu commune. Aux locomotives, voitures et wagons s’ajoutent en effet maquettes, moteurs, signaux, voies… Lieu patrimonial incomparable, le musée s’impose dès lors comme une inépuisable source d’inspiration. Concerts, comédies musicales, shooting de mode ou séances de cinéma sont en effet autant d’événements qui rythment le quotidien de cet établissement fermement ancré dans le présent.

En 2005, le Musée Français du Chemin de Fer devient Cité du Train. Après des mois de travaux, l’établissement propose au public de découvrir un nouvel espace scénographique : le « Parcours Spectacle ». Valorisant le chemin de fer à travers les grands thèmes que sont les vacances, la montagne, les trains officiels, la guerre, les cheminots et l’univers des voyages, cette surface de 6000 m² marque une nouvelle étape dans l’histoire du musée. La refonte des « Quais de l’Histoire » puis la création du « Panorama Ferroviaire » permettent par la suite de répondre aux enjeux liés à l’arrivée de nouveaux matériels roulants. Car un musée des transports ne peut se contenter d’exposer le passé. Il doit également, inlassablement, interroger le présent et permettre ainsi d’anticiper l’avenir de la mobilité.