Le Musée Français
du Chemin de Fer
De 1976 à 2005, le Musée Français du Chemin de Fer défend une programmation riche et plurielle. Expositions, visites guidées et développement des actions pédagogiques sont autant de projets qui rythment le quotidien de l’établissement.
Simultanément, le musée devient également lieu de tournage, de shootings et de concerts. Ainsi, dès 1978, un encart publicitaire imaginé par Jean-Mathis Horrenberger au moment des législatives l’affirme : le MFCF est “Élu par tous…”
Vendredi 5 septembre 1980. Dernier week-end de répit pour les élèves d’Amiens, de Bordeaux et de Poitiers avant la rentrée de septembre prévue le mardi 9. En Alsace et comme dans d’autres régions, la classe reprend plus tard et les cartables ne sont pas encore prêts. Pour la première fois en France, la rentrée des classes se fait de manière éclatée. Mais pas de quoi perturber la soirée télévisuelle de cette fin d’été !
Diffusée sur France 3 National le 5 septembre 1980 à 21h30, la comédie musicale En… Train se présente comme “un divertissement au Musée Français du Chemin de Fer de Mulhouse”. Plus qu’une émission de variétés, il s’agit d’un objet télévisuel original largement commenté dans la presse. Les costumes, les chorégraphies, les interludes au piano, et surtout la présence de l’artiste Marcel Amont, rappelant en introduction son lien privilégié avec le monde ferroviaire, font de ces 52 minutes un temps fort de l’histoire événementielle du musée.
18 mai 1982. Le Musée Français du Chemin de Fer accueille son millionième visiteur. Ce dernier est reçu par Jean-Mathis Horrenberger qui l’invite à signer le livre d’or de l’établissement.
Le musée
définitif
“Il reste maintenant encore à achever la construction du bâtiment “B” qui abritera un restaurant de 250 places, les bureaux, le hall d’accueil et le logement du gardien, ainsi que celle du bâtiment “C” destiné au Musée du Sapeur-Pompier. Ces deux bâtiments seront terminés à la fin du printemps 1977, ce qui nous permet d’envisager l’inauguration officielle du complexe des Musées Techniques de Mulhouse-Dornach pour l’automne prochain.”
– Jean-Mathis Horrenberger, note sur l’année 1976 du Musée Français du Chemin de Fer, document conservé à la Cité du Train
Le 19 juin 1976 à 10H, cinq ans presque jour pour jour après l’ouverture du musée provisoire de Mulhouse-Nord, le musée définitif ouvre ses portes sur le site de Dornach. Cinq ans est le temps qui aura suffi pour poursuivre les restaurations de matériels, leur acheminement, construire le nouveau bâtiment et faire connaître le MFCF à des visiteurs toujours plus nombreux. Rétrospectivement, la demi-rotonde apparaît comme un laboratoire muséal où ont été posés les premiers jalons de la collection mais surtout de son organisation. Alors que les derniers matériels roulants rejoignent leur emplacement définitif, Jean-Mathis Horrenberger et Michel Doerr préparent déjà l’inauguration prévue quelques semaines plus tard. En 1978, à l’approche de la locomotive 232 U 1 les visiteurs sursautent : la piste sonore dorénavant synchronisée avec le mouvement des bielles est en place, la machine peut “démarrer”.
De gare
en gare
Quelques mois après l’ouverture du MFCF sur son site définitif, Paris rend à son tour hommage au chemin de fer. En gare de Bastille, disparue en 1984, sont en effet installés les stands de la première exposition de modélisme organisée par la SNCF. En coulisses, l’entreprise concourt par ailleurs à la promotion du musée mulhousien. Fin 1976, de premiers échanges ont lieu entre Michel Doerr et le service des relations extérieures de la société nationale. Le projet envisagé a aujourd’hui de quoi surprendre. Dans les trains de grandes lignes sont en effet distribués plusieurs millions de serviettes essuie-mains en papier crêpé orné d’un slogan promouvant le musée. En 1977, le musée est cependant alerté : “la préhension est difficile” et la chute des serviettes en papier est “intempestive”. Le pliage des serviettes est revu, le format des distributeurs également. Bien qu’en apparence anecdotique, cet épisode souligne une fois de plus l’importance accordée à la promotion du musée, y compris de gare en gare.
Des nappes artistiques
Les serviettes en papier publicitaires ne sont pas les seules à être conservées au musée. D’autres, aussi inattendues qu’uniques, dévoilent un univers sensible, éclairé et désopilant : il s’agit des dessins sur papier de Michel Doerr. Ceux qui l’ont connu le savent, l’auteur d’Esthétique de la locomotive à vapeur (1971), avait pour habitude de noircir les carrés blancs de papier, de tissus ainsi que les nappes des tables d’hôtels et de restaurants. Toujours signés des initiales MD, ces dessins mettent en scène chefs de gare, bateaux, automobiles mais surtout, la passion du premier directeur pour le rail anglais. Certaines de ces esquisses servent ainsi d’illustrations aux menus officiels organisés lors des colloques ou des conseils d’administration. Selle d’agneau “Crampton” , Vacherin “Golden Arrow”, rien n’est alors laissé au hasard pour les “railways enthusiasts”.
Le Grand-Duc
de Luxembourg
C’est le 20 novembre 1980 que le Musée Français du Chemin de Fer accueille le Grand-Duc du Luxembourg. Au sein de la voiture salon n°10 AL dite “Grande Duchesse”, et sous le regard de personnalités politiques luxembourgeoises et françaises, Jean de Luxembourg signe à son tour le livre d’or du musée. Dans ses mémoires, Jean-Mathis Horrenberger le rappelle : c’est alors la première fois que le MFCF accueille un Chef d’État en exercice. À la fin de la journée, ce dernier remonte dans le TGV, accompagné de Jacques Pélissier, Président de la SNCF. Le Train à Grande Vitesse effectue alors ses essais entre Mulhouse et Strasbourg.
Bugatti
et le TGV
Nichées dans une petite boîte, des diapositives. Et sur ces diapositives, en transparence, se découvrent deux matériels légendaires : le TGV et l’autorail Bugatti. En arrière-plan, les Ateliers de Bischheim. Nous sommes en 1981. Dixième anniversaire du MFCF, cette année coïncide également avec l’inauguration du TGV et le centenaire de la naissance d’Ettore Bugatti.
Franco-italien, le sculpteur se distingue comme l’un des plus grands constructeurs de son temps. En 1909, après des expériences menées notamment chez De Dietrich, il implante son usine automobile à Molsheim, ville située au sud-ouest de Strasbourg. Si la Royale reste le symbole de son industrie, Bugatti s’intéresse également de près au domaine du ferroviaire.
En témoigne l’autorail présidentiel, matériel sorti d’usine en 1933. Exploité par la SNCF jusqu’en 1953, il devient laboratoire roulant jusqu’en 1975 et est alors sélectionné pour rejoindre la collection du MFCF.
Restauré par les Ateliers de Bischheim, sa livrée carmin se confond avec le “orange TGV”. Ce mariage chromatique et formel, amplifié par l’aspect granuleux des diapositives, symbolise à lui tout seul l’évolution du design au XXe siècle.
Un hélicoptère
présidentiel
Jeudi 30 septembre 1982. En fin d’après-midi, à proximité du Musée Français du Chemin de Fer, un hélicoptère se pose. Quelques minutes plus tard, après avoir échangé avec des représentants des firmes d’arts graphiques du bassin mulhousien, son passager passe les portes du musée : il s’agit du Président François Mitterrand. Accompagné de Charles Fiterman, ministre des Transports, et de Jacques Lang, ministre de la Culture, celui qui a inauguré le TGV Paris-Lyon un an plus tôt, découvre la collection. Poste téléphonique relié à l’Élysée, inspection du musée par les services de sécurité, mise en place d’un local médical, pour l’équipe du musée, cette visite a nécessité une organisation sans faille dont Jean-Mathis Horrenberger se souvient encore quinze ans plus tard.
“L’itinéraire suivi par le Président au cours de sa visite, à l’intérieur du Musée, est défini, presque mètre par mètre, et je ne devrai pas m’en écarter – ce qui n’empêcha pas, trois jours plus tard, M. Mitterrand de me prendre à deux reprises par le bras en me demandant de lui montrer de plus près telle ou telle locomotive qui semblait lui rappeler un souvenir d’enfance…!”
– Jean-Mathis Horrenberger in Le Musée du Chemin de Fer : une utopie devenue réalité, 1997
Une gare comme period room
Dès les débuts du musée, Michel Doerr défend l’idée selon laquelle le chemin de fer constitue un système complexe qui doit être valorisé dans son ensemble. Entre les bâtiments A (celui des matériels roulants), le B (abritant l’accueil, l’administration et le restaurant) et le C (musée du Sapeur-Pompier), la partie extérieure s’enrichit ainsi d’une collection dédiée à l’équipement. C’est dans ce contexte qu’est imaginée en 1982 une petite gare. Construite ex nihilo, cette dernière permet de reconstituer un bureau de chef de gare et de faire revivre l’atmosphère d’une station de petite ligne. Dans le musée, moteurs de la SACM, arts décoratifs, beaux-arts et maquettes, comme celle du banc d’essai de Vitry, complètent dorénavant le parcours.
Le Cube électrique
1983 s’impose comme une année fastueuse pour le Musée Français du Chemin de Fer. Durant ces douze mois, la structure connaît en effet un pic historique de fréquentation en accueillant 239 807 visiteurs. Dans le même temps, le MFCF se voit attribuer le diplôme “Prestige de France”. Une première pour un musée de province et une récompense supplémentaire pour ses fondateurs, Jean-Mathis Horrenberger et Michel Doerr qui quitte alors ses fonctions de directeur.
“[…] vous avez promu l’idée, suscité le faisceau des bonnes volontés, animé la convergence des efforts, puis, devenu Directeur du Musée en gestation, vous avez défini les plans de masse et précisé les détails. D’où vous vient ce pouvoir qui a fait d’un rêve de jeunesse une réalité admirée par plus d’un million de visiteurs.”
– Réception de Michel Doerr dans l’Ordre national de la Légion d’honneur, discours d’André Portefaix, cérémonie du 19 octobre 1983
À l’automne de ma vie et en toute philosophie, je lui [Jean Renaud, futur directeur n.d.l.r] laisse à méditer ce premier aphorisme d’Hippocrate :
-ars longa, vita brevis – on pourrait parfaitement le transposer de la discipline médicale à l’archéologie ferroviaire, ne nous avez-vous pas aidé, mon Cher Ingénieur Général, à sauver de grands malades, ne serait-ce que le célèbre Salon des Aides-de-Camp. Merci !
– Réponse de Michel Doerr à André Portefaix
Depuis les fenêtres de l’administration, l’équipe décorée observe attentivement les allées et venues des grues et camions. Rue du Pâturage, un nouveau bâtiment fait en effet son apparition. Il s’agit du centre de l’énergie, futur Electropolis. Cinq ans après le sauvetage de la machine Sulzer-BBC de l’entreprise DMC, les premières façades du “cube” sont posées. Œuvre des architectes Morin et Fanuele, le musée EDF, ouvert en 1987 et inauguré en 1992, souhaite mettre en lumière l’épopée de l’électricité. En constante évolution, l’établissement propose depuis 2018 un espace dédié à l’innovation. Arrivé dans la nuit du 6 au 7 avril 2021, un rotor issu de la centrale nucléaire de Fessenheim pose fièrement au cœur du jardin électrique. Cet objet de 153 tonnes s’impose comme la dernière acquisition de taille faite par ce musée partenaire.
Un musée
gourmand
Entre 1976 et 1984, la collection ne fait que s’enrichir et les visiteurs assistent notamment à l’arrivée de la locomotive à vapeur 032 Engerth n°312 L’Adour (en 1978), de la locomotive Ten Wheel (en 1978) ou encore de l’automotrice électrique Sprague BDF 9011 (en 1979). Dans une note de 1979, Michel Doerr rappelle ainsi que Mulhouse a de “grands appétits”. Dès lors, un constat s’impose : le bâtiment doit être étendu. Cette décision est en réalité actée dès 1978 lors de la séance du Conseil d’Administration du 19 décembre. Une nouvelle fois, c’est l’architecte Pierre-Yves Schoen qui accompagne l’équipe du musée dans ce vaste projet.
Le 15 mai 1984, un train spécial est affrété pour la cérémonie de l’ouverture au public de la seconde tranche de travaux. Au cœur du musée, dont la surface a quasiment doublé, les personnalités se croisent. Parmi elles, René Clément, réalisateur du célèbre film La Bataille du Rail, Bernard Lemoine, Président du Comité “Prestige de France” et André Chadeau, Président de la SNCF. Pour ce dernier, c’est certain, le TGV aura bien sa place au sein de l’établissement. Cessons là le suspens : le TGV rejoindra bien le musée.
Ciné-rail
Si le hall dédié au matériel roulant a pu subir une importante extension, les dons d’archives, d’œuvres d’art et de petits objets ne cessent d’augmenter. Parallèlement à cela, il convient d’offrir aux visiteurs une expérience toujours renouvelée. C’est dans ce contexte qu’est imaginée la création d’un dôme culturel. Édifié en 1987, ce bâtiment relié à l’administration par un corridor couvert, se veut comparable à la Géode, inaugurée à la Cité des Sciences de Paris en 1985. Véritable prouesse architecturale, ce bâtiment annulaire se caractérise par sa coupole composée de 32 pièces préfabriquées par l’entreprise Savonitto.
Sous cette voûte, une salle de projection est déployée, marquant ainsi la naissance du Ciné-rail. Présenté comme la troisième salle Omnimax de France, ce cinéma panoramique de 99 places propose une programmation principalement documentaire. Hydro ou Images de Hollande composent notamment le catalogue de courts-métrages projetés entre 1989 et 1990, et offrent aux visiteurs et aux cinéphiles mulhousiens “des sensations… des images… à vous couper le souffle !”
Une locomotive
nommée Musée
En 1989, alors que L’Alsace célèbre les 150 ans de la ligne Mulhouse-Thann, le Musée Français du Chemin de Fer passe un nouveau cap symbolique. Un an avant le départ de Jean-Mathis Horrenberger en 1990, la BB 26006, répondant également au nom de “Sybic”, se voit ornée d’un blason à l’effigie du musée. Visibles sur les livrées des matériels roulants au moment de leur inauguration, les blasons, reprennent d’habitude les insignes des villes-marraines. Celui du MFCF rejoint ainsi une vaste collection, valorisant notamment les armes de Reims, Valenciennes ou encore Aix-les-Bains.
“Voyage dans l’univers
du monde ferroviaire”
Dès les années 80, le musée du chemin de fer accroît son offre en matière de médiation culturelle. Des éléments éducatifs diffusés “hors-les-murs” voient le jour, comme par exemple les malles pédagogiques. Réalisées bénévolement en 1983 par un groupe d’enseignants, trois mallettes sont proposées aux classes de la région mulhousienne. Elles abordent des thèmes techniques comme le fonctionnement de la vapeur mais aussi les liens entre chemin de fer et art, littérature, géographie…
Dix ans plus tard, en décembre 1993, un nouvel espace pédagogique est inauguré dans l’ancien bâtiment du Ciné-Rail : le Musée Express : voyage dans l’univers du monde ferroviaire. Ouvert au public le 15 janvier 1994, cet espace de 220 m² traite de 31 thèmes différents autour de l’univers ferroviaire. Il permet alors aux enfants comme aux adultes non spécialistes d’explorer les collections du musée et de mieux les appréhender. Jusqu’à sa fermeture à la fin des années 90, on trouve à l’intérieur de sa coursive, des éléments variés et complémentaires comme des maquettes animées, des objets exposés, des jeux, des photographies et gravures… A.C.
“Un café, un dernier tour et on rentre !”
En 1995, la nouvelle affiche du musée insiste : ce musée, vous ne pourrez pas l’oublier ! Les grands témoins interrogés dans le cadre de cette rétrospective le confirment. Nouveaux matériels, visiteurs, personnalités, événements, animations, chacun formule un souvenir précis de son rapport à l’établissement.
Dans ce cadre, comment ne pas parler du restaurant où échanges formels et informels se nourrissent autour des plats alsaciens.
Placé au premier étage du bâtiment administratif, le restaurant sert également de “cantine” aux employés du tertiaire de la zone dite de la “Mer Rouge”. Et pendant que les parents terminent leur café, les enfants montent joyeusement sur le petit train, dont le circuit encercle le dôme culturel. Quand on est petit, 15 km/h c’est impressionnant. Surtout quand le train roule en marche arrière !
“Découvrez un grand Musée et sa magnifique collection. Venez admirer nos merveilles dans cette Alsace si surprenante.
Mulhouse n’est pas si loin de chez vous.”
– Slogan de l’affiche publicitaire éditée en 1995
Mulhouse, capitale des musées techniques
Le 4 décembre 1993 L’Alsace titre “Musées sans frontières ça y est !”. Ancêtre de l’actuel MMSA (Musées Mulhouse Sud Alsace), cette initiative mulhousienne consiste en une « association fédératrice vis[ant] à dynamiser le potentiel muséographique mulhousien”. Le musée des Beaux-Arts (1864), le musée historique (1868), le Musée d’Impressions Sur Étoffes (MISE, 1955), le MFCF (1971), le musée national de l’Automobile-collection Schlumpf (1982), le musée du papier peint (1983) et Electropolis (1992) constituent alors une collection pluridisciplinaire rare. Programmation et communication commune leur permettent d’élever Mulhouse au rang de capitale des musées techniques.
Construction du bâtiment de réserve
C’est en 1994 qu’est signée la convention de dépôt entre SNCF et l’association du musée. Ce document réaffirme le lien qui unit les deux instances à travers la collection. Un an plus tard, en 1995, un nouveau bâtiment de réserve est inauguré. Financé par la Direction Régionale des Affaires Culturelles, la Région, le Département et la Ville de Mulhouse, cet espace s’étend sur 10 000 m2. En 2002, la collection de l’association reçoit l’appellation “musée de France”. Plus d’une trentaine d’années après les premiers échanges entre André Malraux et Michel Doerr en 1969 et vingt ans après la visite du directeur des musées de France, M. Landais, en 1982, ce label réaffirme l’importance des musées techniques. La gare, à travers la grande exposition organisée au Centre Pompidou en 1978-1979 (Le Temps des gares), et l’ouverture du musée d’Orsay dans l’ancienne gare parisienne en 1986, s’élève elle-même dorénavant au rang d’objet d’art et d’écrin muséal.
Le 25e anniversaire
du musée
C’est en 1996 que la ville de Mulhouse et la SNCF célèbrent leur noces d’argent. Au programme des 25 ans : expositions sur le cinéma, les métiers du rail, exposition internationale de modélisme organisée par le RAMCAS et surtout, visite de l’usine Alsthom en train à vapeur grâce à l’AMEEF (Association Mulhousienne d’Études et d’Excursions Ferroviaires). Sur le carton d’invitation, les visiteurs sont avertis : un train de collection peut en cacher un autre. Et pour cause : le MFCF n’est pas le seul à souffler ses 25 bougies. Le Chemin de fer touristique de la vallée de la Doller (CFTVD), rebaptisé ensuite TTDA (Train Touristique Doller Alsace), fête également son quart de siècle. Proposant des voyages à vapeur sur le tronçon Cernay-Sentheim, le chemin de fer touristique se voit également confier la restauration de matériels roulants classés au titre des monuments historiques. La mise en place d’un billet combiné avec le musée dès le début des années 2000 permet aux visiteurs de se plonger dans la vie d’une locomotive, des ateliers au musée.
Le musée comme plateau
Cette rétrospective virtuelle ne serait pas suffisante pour décrire l’ensemble des concerts, tournages et shootings organisés au MFCF dans les années 80. Lieu de création et d’inspiration inépuisable, le musée devient tour à tour plateau de tournage et salle de spectacle. La Tête et les jambes en 1977, Marcel Amont en 1980, Musica en 1985 et 1991, Talk Talk en 1986, LUI en 1989, ou encore les protagonistes de Sacré soirée en 1994 : tous ont laissé une trace au sein du musée où le train, loin de servir de simple décor, endosse souvent le rôle de personnage principal.
2003 : Le Train Capitale
“La mission des organisateurs d’une exposition rétrospective est délicate et compliquée entre toutes. Il faut rechercher et découvrir les objets qui peuvent présenter un intérêt; il faut ensuite obtenir des heureux possesseurs de ces objets qu’ils consentent à s’en dessaisir, et enfin il faut veiller au transport de ces pièces extrêmement précieuses. »
– Maurice Bixio, Introduction à la Notice sur l’Exposition centennale des moyens de transport, 1901
En 2002, le musée est en effervescence. Certains matériels roulants s’apprêtent en effet à quitter l’Alsace pour les grandes artères parisiennes. Cet événement majeur, largement filmé, commenté et photographié, porte le nom de “Train Capitale”. Du 17 mai au 15 juin 2003, la Buddicom, la Crampton, la BB 9004, la PR2 ou encore la voiture sanitarisable sont exposées sur les Champs-Élysées sous le regard enchanté du public. Organisé par la SNCF en partenariat avec Bombardier, Alstom ou Siemens, cet événement s’impose comme une entreprise titanesque. De Mulhouse à Paris, son organisation a en effet nécessité des mois de préparation et le soutien de l’armée, notamment au moment des convoiements par la route. Cette exposition en plein air, permettant de valoriser la collection SNCF, diffuse par ailleurs un air de nostalgie. Un peu plus de 100 ans après l’Exposition universelle de 1900, les mots de Maurice Bixio résonnent encore entre les contre-allées bordant la plus belle avenue du monde.
Du Musée Français du Chemin de Fer à la Cité du Train
Au début des années 2000, le Musée Français du Chemin de Fer prépare sa mutation. Alors que dix matériels roulants s’exposent sur les Champs, les travaux mulhousiens débutent. François Seigneur (1942-2019), architecte sélectionné, propose un renouvellement thématique de la muséographie.
Si le bâtiment A d’origine est conservé, les bâtiments B et C laissent quant à eux place à un large hall coloré : le Parcours Spectacle. Pallier les baisses de fréquentation et renouveler l’image du musée comptent parmi les principaux arguments. Simultanément, la société Culture Espaces, déjà gestionnaire de la Cité de l’Automobile, est désignée pour assurer le mandat de gestion. Une nouvelle ère débute : celle de la Cité du Train.