"L’engagement pour l’autre est sans conteste une marque de fabrique partagée, qui me lie à ce musée tout particulièrement."

En quoi le premier pôle européen de musées techniques et scientifiques présent dans l’agglomération est-il un vecteur d’attractivité pour le territoire ?

La culture technique et scientifique est une marque de fabrique puissante de notre territoire, et un élément d’identification et de différenciation fort pour toute notre agglomération. Notre pôle de musées techniques et scientifiques constitue la preuve vivante et éclatante de notre histoire industrielle et technologique. Car il faut le rappeler, nos musées sont des lieux d’expositions, d’événements culturels et patrimoniaux, de collaborations actives avec de grandes entreprises, des artistes, des associations… Je salue d’ailleurs l’action exemplaire des équipes de la Cité du Train dans ce domaine. L’énergie qui se dégage de ce musée provient en effet largement du travail remarquable d’une équipe créative, novatrice et qui fait bouger les lignes ! Cet état d’esprit correspond bien aux valeurs de notre agglomération !

Pour résumer, nos musées sont des lieux de vie, de savoir et de connaissance. Ils sont la jonction parfaite entre passé, présent et avenir. A l’heure de l’industrie 4.0, des nouvelles énergies (je pense notamment à l’hydrogène), de la numérisation et de la robotisation, nos musées exposent, avec intelligence et passion, l’histoire technologique et l’évolution accélérée de pans entiers de notre société. Il suffit de visiter la Cité du Train pour s’en rendre compte : nous passons en un regard des premières locomotives à vapeur au sublime TGV, symbole du génie français. Cette double culture de l’innovation et de la recherche constante de l’excellence est présente dans tous les actions de l’agglomération, que ce soit dans le développement économique, l’urbanisme, les mobilités, la transition énergétique et climatique et bien évidemment, dans les domaines du tourisme et de la culture !

Dernier point, nos musées ont une véritable mission pédagogique de transmission des connaissances et de partage de notre histoire commune, notamment en direction des jeunes publics. C’est fondamental car ce sont bien les générations futures qui vont imaginer et bâtir l’avenir de notre territoire. Là aussi, l’engagement des équipes de la Cité du Train doit être salué !

En quoi l’agglomération donne-t-elle une impulsion globale dans la mise en valeur du territoire et de ses richesses ? Quels sont les projets et perspectives d’avenir ?

Notre pôle muséal accueille aujourd’hui plus de 1 million de visiteurs par an ! C’est significatif pour l’attractivité globale de notre territoire mais nous pouvons aller encore plus loin ! Faire ensemble pour mieux avancer ensemble, c’est ma philosophie de travail. Début 2022, nous lancerons la première agence d’attractivité de notre territoire. Sa mission première sera de faire rayonner l’agglomération mulhousienne au niveau européen à travers une offre touristique et culturelle riche et structurée. Et bien évidemment, l’agence et ses équipes s’appuieront naturellement sur nos musées ; au premier rang desquels la Cité du Train jouera un rôle central. Avec cette agence d’un nouveau genre, nous créerons des synergies entre l’ensemble des acteurs touristiques, artistiques et culturels de l’agglomération.

Comme j’aime à le rappeler, nous allons fédérer les énergies positives via un large réseau d’ambassadeurs et de partenaires publics et privés et doter notre territoire d’un outil réactif, flexible et d’une capacité d’ingénierie à 360 degrés : tourisme, culture pour commencer et dans un second temps, développement économique et innovation. Notre agence d’attractivité sera au service de tous les porteurs de projets, de tous les créateurs, de tous les précurseurs, de tous les audacieux qui auront à cœur de transformer le territoire et d’affirmer durablement notre ADN résolument scientifique, industriel et pionnier en France, en Europe et dans le monde. Cette agence est la matérialisation de notre ambition pour le territoire !

Historiquement, le musée repose sur un dialogue entre la SNCF et les collectivités locales telles que m2A. Chacune d’entre elles assume la vice-présidence au sein du CA du musée. Comment s’organisent vos relations avec le groupe ferroviaire national ?

Si nous sommes présents au sein de l’exécutif de la Cité du Train, c’est justement parce que c’est un espace tout à fait adapté au dialogue entre différents acteurs du musée, mais également un lieu d’échange privilégié avec la SNCF. A l’heure où la mobilité s’affirme comme un enjeu majeur en matière de transition énergétique, d’aménagement et de transformation des territoires, pour notre agglomération, bien sûr, mais plus largement pour notre société dans son ensemble, il est indispensable que les acteurs locaux puissent construire de nouvelles solutions avec l’opérateur historique des déplacements qu’est la SNCF. Nous sommes fiers de ce partenariat ! Nous sommes fiers que la Cité du Train porte le nom de « Patrimoine SNCF » ! Et nous sommes fiers de bâtir d’une part l’attractivité de notre de territoire avec la SNCF et de construire dans le même temps l’avenir des mobilités avec cet acteur incontournable. Nos relations avec la SNCF ne peuvent que se renforcer à l’horizon 2030, dans le cadre de notre projet de territoire qui portera nos politiques pour la décennie à venir.

De gauche à droite : Christophe Chartrain, président de la Cité du Train, et Fabian Jordan, en mai 2020, lors de la réouverture du musée à l’issue du premier confinement

À l’image des fondateurs du musée, le riche passé industriel mulhousien est un véritable atout pour les porteurs de projets. Que vous inspire ce lien entre patrimoine et innovation ?

Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient… Patrimoine et innovation ne s’opposent pas, bien au contraire. En réalité, ils s’enrichissent mutuellement. Notre territoire est riche de son passé industriel, technologique et scientifique, partie intégrante de l’ADN de m2A ! Notre pôle européen de musées techniques témoigne de notre passé glorieux et de notre capacité à nous réinventer continuellement. Exemple parfait de la connexion entre passé et présent, la Cité du numérique KMØ, figure de l’innovation alsacienne, s’est créée à l’endroit même du départ de la première ligne ferroviaire en 1839. Quel symbole ! De même, l’exemple du projet de raccordement ferroviaire de l’EuroAirport, 150 ans après la fusion des compagnies « Strasbourg-Bâle » et « Paris-Strasbourg », fait écho à ce passé. Depuis sa création, m2A soutient chaque année les acteurs du secteur via une enveloppe globale de plus de 3 millions d’euros. Nous allons bien évidemment poursuivre cet engagement massif et renforcer nos actions de promotion touristique et culturelle en partenariat avec les acteurs du territoire et notamment l’équipe de la Cité du Train qui est toujours force de proposition en matière d’attractivité !

Avez-vous un souvenir, une anecdote au sujet de la Cité du Train que vous souhaitez partager ?

J’ai plusieurs souvenirs marquants, et je voudrais en partager 3, tous liés à la notion d’engagement pour l’autre, dénominateur commun de notre action.

Le plus personnel est lié à la musique, ma passion. J’ai eu le plaisir de diriger ma formation, les Dièses et Bémols, pour le Téléthon organisé en 2007 à la Cité du Train. Mon ami Raymond Valli, grand musicien et compositeur, avait écrit un morceau « L’enfant au Téléthon » que nous avions joué et chanté sur les quais, entre les magnifiques locomotives, avec d’autres formations musicales présentes. Nous avions partagé une émotion toute particulière avec les enfants, la chorale, les orchestres, les parents, le public… pour une cause qui nous touchait tous. C’était à la fois très émouvant et impressionnant.

Un autre souvenir m’a marqué : la participation en 2019 de la Cité du Train à la Journée Citoyenne, événement que j’ai initié en 2008 dans ma commune, et qui a fait tache d’huile depuis dans toute la France. La Cité du Train a été le premier musée à l’échelle nationale à participer à l’aventure et à organiser des chantiers citoyens dans son enceinte avec des habitants de l’agglomération. Rénovation du petit train touristique, du vieux manège en bois, petits travaux divers… les bénévoles étaient afférés dans tous les coins du musée. Ce 25 mai 2019, patrimoine, histoire, citoyenneté et fraternité ne faisaient qu’un ! C’est un symbole fort qui m’a évidemment beaucoup touché.

Enfin, un souvenir plus récent : la réouverture coordonnée des musées fin mai 2020 après des mois douloureux de fermeture. Dans un contexte sanitaire encore très incertain, la visite de la Cité du Train avait alors une saveur tout à fait particulière. Il y avait à ce moment-là une volonté de renaissance pour tout notre pôle muséal. Il fallait impérativement accompagner cette énergie positive et collective. Je remercie d’ailleurs le Président de la Cité du Train, Christophe Chartrain, pour son accueil, sa disponibilité et la qualité de notre échange ce jour-là et bien sûr, Sylvain Vernerey, son directeur, pour son action et sa détermination lors de cette réouverture tout à fait particulière.

L’engagement pour l’autre est sans conteste une marque de fabrique partagée, qui me lie à ce musée tout particulièrement.

De gauche à droite : Sylvain Vernerey, directeur général de la Cité du Train, et Fabian Jordan, en mai 2020, lors de la réouverture du musée à l’issue du premier confinement