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"En 2009, j'ai lancé un pari fou aux équipes du musée : déplacer et reclasser 80 matériels roulants en seulement trois mois... pari tenu !"

Portrait Sylvain Vernerey

Vous arrivez à la Cité du Train en 2005, en tant que responsable d’exploitation, alors que le musée vient de rouvrir au public après d’importants travaux. Quelles sont vos missions ?

Début mars 2005, il a fallu immédiatement prendre en responsabilité l’immense chantier  en cours qui touchait à sa fin mais qui devait absolument être livré à temps pour l’inauguration qui arrivait a grands pas. Dès les premiers jours d’ouverture au public, mes missions principales étaient concentrées sur l’ouverture, l’accueil, l’exploitation et le développement d’un « nouveau musée ». Très rapidement, par nécessité et par goûts personnels, j’ai commencé a étendre mes fonctions dans de nombreux autres domaines : le déplacement des matériels de collection, le développement de l’activité « réceptions », le montage de projets, la communication, l’organisation d’événements…

Par la suite, de nouveaux chantiers sont lancés et notamment celui de la modernisation de l’exposition du bâtiment historique du musée. Dès 2009, vous entamez les travaux de ce qui deviendra en 2011 « Les Quais de l’Histoire ». Comment s’est organisé le déplacement des matériels roulants et la réorganisation des collections ?

Une belle aventure et un véritable challenge pour moi et les équipes présentes à l’époque. Il s’agissait de déplacer et reclasser environ 80 matériels roulants sur 12 voies avec une grosse contrainte de temps et très peu de moyens humains ou matériels. Pour l’anecdote, j’ai réuni l’équipe technique du musée un matin et leur ai lancé le défi de réaliser ce chantier titanesque en 3 mois. Pour y parvenir, j’ai appris moi-même à démarrer et conduire un vieux locotracteur diesel afin de déplacer les matériels un a un.

Mon passé professionnel militaire a été d’une grande utilité dans l’organisation des multiples mouvements (un Tetris géant avec des locomotives de plus de 100 tonnes) ainsi que pour le coté « débrouillard et avec les moyens du bord ». Je pourrais écrire un livre d’anecdotes de ces 3 mois intenses. J’en retiens une belle expérience, un « pari tenu » et surtout le renforcement de la cohésion de la belle équipe qui œuvre au quotidien dans ce musée.

Sylvain Vernerey aux commandes d’un locotracteur Moyse et en discussion avec Philippe Mirville, président de la Cité du Train de 2006 à 2020, lors des travaux de réaménagement du bâtiment historique du musée.

En 2013, l’espace de visite de la Cité du Train s’agrandit de 15 000 m² avec la création du « Panorama Ferroviaire », un espace extérieur dédié aux animations ferroviaires roulantes et à l’exposition temporaire et permanente de matériels. En quoi ce nouvel aménagement était-il devenu nécessaire ?

Nous disposions d’un espace extérieur qui n’était pas accessible au public et ne servait qu’aux déplacements des pièces de collections roulantes.

Le projet est donc issu de plusieurs constatations et besoins :

  • Nous manquions de place pour accueillir de nouvelles pièces de collection ou pour organiser des expositions temporaires de nos matériels stockés dans nos réserves.
  • Nous n’avions pas d’espace permettant de présenter, à notre public, du matériel en mouvement.
  • Nous souhaitions permettre a nos visiteurs de profiter de la vue du passage des trains sur la voie du RFN devant le musée.

D’un point de vue plus « commercial », cela nous a permis également d’attirer un public plus nombreux en agrandissant le musée, en créant des animations familiales et ludiques et plus généralement en communiquant sur le fait que ce n’était pas seulement un musée qu’on pouvait visiter par temps de pluie. Tout cet espace en plein air est donc désormais dédié à l’exposition de matériels de collection ainsi qu’à nos animations (mini express, baptêmes de rails, plaque tournante, etc…). Il permet également d’organiser d’événements insolites comme le drive-in qui a eu lieu l’an dernier avec l’association Out Of Cinema.

 

Depuis plusieurs années maintenant, le musée accueille de nombreux événements publics ou privés. En 2019, plus de 20 mariages y ont par exemple été célébrés. Comment s’est organisée cette nouvelle activité ?

J’ai fait une partie de ma carrière dans l’hôtellerie de luxe ce qui m’a permis d’acquérir une certaine compétence dans l’organisation de réceptions. Très rapidement, j’ai pris conscience du potentiel que nous avions afin de proposer ce type de prestations : l’ambiance dans les salles d’exposition est unique, insolite. Les pièces de collections sont impressionnantes et majestueuses. J’ai immédiatement pensé que nous avions un endroit magique qui pourrait séduire une clientèle à la recherche de lieux prestigieux.

J’ai donc recherché des partenaires professionnels (traiteurs, animateurs, hôteliers, transporteurs, etc…) afin de proposer des prestations de privatisation du musée et d’organisations de réceptions. A ce jour, c’est une activité a part entière pour le musée qui vient en complément de l’accueil du public. Nous accueillons un peu plus de 100 manifestations chaque année (soirées, diners de gala, concerts, salons, lancements de produits, séminaires, etc…) et sommes devenus une véritable « place to be ».

 

Vous dirigez la Cité du Train depuis 2005. Comment imaginez-vous le musée dans 10 ans ?

Avec un peu d’humour, je dirais « sans moi » puisque je devrais être un « jeune retraité » dans 10 ans.

Plus sérieusement, je souhaite pouvoir poursuivre, avec les équipes du musée, le travail entamé depuis plus de 50 ans afin d’en faire une véritable référence locale, nationale et internationale. Cela passera évidement par le maintien du soutien que nous apporte SNCF et m2a, par la poursuite de l’engagement et de la passion sans faille des équipes, par notre capacité à nous adapter aux évolutions techniques de présentation des collections et par notre prise en compte des attentes du public.

Il faudra également poursuivre localement nos actions afin de renforcer toujours plus le formidable pôle muséal dont nous disposons sur le territoire et qui reste incontestablement l’un des principaux atouts de développement touristique.

 

Pour conclure, avez-vous un souvenir, une anecdote au sujet de la CDT que vous souhaitez partager ?

Il y en aurait tellement à évoquer. Toutefois, à titre professionnel et personnel, l’invitation à Tokyo en 2013  afin de participer à  la première conférence internationale des musées ferroviaires est un véritable grand souvenir. A la fois parce que cela témoignait de la notoriété internationale acquise par le musée et récompensait ainsi tout le travail effectué depuis 2005 mais aussi parce qu’à l’issue de cette réunion des 10 principaux musées mondiaux, la Cité du Train a été officiellement reconnue comme le plus grand musée ferroviaire en Europe. Suite à cette conférence, de nombreuses visites officielles de la Cité du Train ont été organisées au profit de nos collègues internationaux et ont, entre autre et notamment, aboutis à la signature d’un accord de partenariat avec le musée de Saint Pétersbourg en 2021.

 

International Conference of Railway Museums - Tokyo - 2013

Sylvain Vernerey (3e à gauche), aux côtés de Philippe Mirville (sur sa droite) lors de la Conférence Internationale des Musées du Chemin de Fer, en 2013 à Tokyo