"Depuis 40 ans que je soutiens le Musée du Chemin de Fer, je garde la mémoire vive de la visite du Président François Mitterrand en 1982"
Élu maire de Mulhouse en 1989, vous lancez dès la fin de cette année l’action “Musées Sans Frontières” ayant vocation à valoriser l’ensemble muséographique de la ville et son attrait touristique. Quelles sont les raisons derrière la mise en œuvre de ce projet ?
En 1989 j’ai souhaité avec mon adjoint à la culture Michel Samuel-Weis, objectiver la synergie qui me paraissait évidente, tant d’un point de vue culturel que touristique, entre cette formidable richesse, bien mal exploitée, que constituait la présence dans une même agglomération (en y incluant d’emblée l’Ecomusée) de tous ces musées témoins de notre histoire industrielle avec la dimension d’identité et de fierté qu’elle recelait.
À l’image du secteur ferroviaire dont il conte l’histoire, la Cité du Train a continuellement innové et s’est réinventée en 50 ans d’existence. Pouvez-vous en dire plus sur votre rôle dans ses évolutions successives ?
Grâce à la dynamique de Musées Sans Frontières, nous avons pu bénéficier dès le début des années 90, du soutien financier fort du Contrat de Plan Etat-Région sans lequel la rénovation (y compris la scénographie mise en place en 2005 avec le Parcours Spectacle) et l’agrandissement de la Cité du Train n’aurait jamais pu se faire et j’ai tenu à porter personnellement cette démarche structurante au long cours afin de surmonter les nombreux obstacles qui se dressaient sur notre chemin, même pavé des meilleures intentions…
Au cours de vos différents mandats, vous avez mené de multiples projets ferroviaires structurant le paysage local (Tramway, Tram-Train, TGV). Pourquoi avoir fait le choix du rail ? À l’heure des mobilités douces, quelle place pour le chemin de fer en milieu urbain ?
Dès l’âge de 7 ans je dévorais dans la bibliothèque de ma grand-mère à Thann le recueil L’ Illustration consacré à l’histoire du Chemin de Fer qui me fascinait.
Surtout , sans le choix du Tram-Train ,il n’y aurait jamais eu de renaissance du tramway à Mulhouse et sans le choix du rail , point de tram-train ! Ma seconde réélection en 2001 s’est jouée, en partie, sur ce choix du rail face à des projets inappropriés de tramway sur pneus dont plusieurs villes sont revenues depuis…
Quant au TGV, ce fut pour moi un combat parallèle et complémentaire de mon engagement pour le développement de l’ EuroAirport Basel Mulhouse Freiburg, symbolisé par le projet que j’ai initié de desserte ferroviaire. Je me suis engagé, et j’étais seul sur cette position, à défendre à la fois et en même temps le TGV Rhin-Rhône avec Jean-Pierre Chevènement (à sa suite, Jean-Marie Bockel fut durant 10 ans président de l’association pour le TGV Rhin-Rhône, NDLR) durant plus d’un quart de siècle et le TGV-Est avec Catherine Trautmann (Jean-Marie Bockel fut trésorier de l’association pour le TGV-Est, NDLR).
Pour moi, l’Alsace avait vocation à être un nœud ferroviaire européen et transfrontalier et c’est ce qui s’est passé !
Jean-Marie Bockel, en 2010 à la Cité du Train, à l’occasion de l’inauguration du Tram-Train
Vous êtes à la fois témoin et acteur majeur de l’histoire des musées à Mulhouse, depuis les années 1980. Comment imaginez-vous le musée de demain sur le territoire de l’agglomération mulhousienne ?
Il appartient aux responsables politiques d’aujourd’hui de redéfinir, trois décennies après Musées Sans Frontières , un projet en phase avec les enjeux muséographiques et touristiques actuels, de le partager avec les partenaires et de de le mettre en œuvre en respectant le spécificité et l’identité de chaque entité.
Pour conclure, avez-vous un souvenir, une anecdote au sujet du musée que vous souhaitez partager ?
J’en ai plusieurs depuis 40 ans que je soutiens le Musée du Chemin de Fer mais je garde la mémoire vive de la visite du Président François Mitterrand en 1982, dont, jeune député de Mulhouse, j’avais réussi à détourner l’hélicoptère qui le ramenait de Strasbourg à l’EuroAirport, pour une brève visite du Musée, en complicité avec Jean-Matthis Horrenberger, afin de donner un coup de projecteur à un moment ou le Musée était en grande difficulté et où la question de son avenir à Mulhouse se posait tant au niveau national que local….
Anonyme, Venue du président François Mitterrand, photographie, 30 septembre 1982, Collection Cité du Train.