"Pour le RAMCAS, c'est un splendide atout de résider à la Cité du Train."
Le RAMCAS a été fondé à Mulhouse en janvier 1971, à la veille de l’ouverture du Musée Français du Chemin de Fer. Pouvez-vous nous en dire plus sur le début de cette aventure ?
Ses prémices remontent à décembre 1970, lorsque plusieurs clients se retrouvent chez Dondon, vendeur spécialisé dans les trains miniatures bien connu des mulhousiens. En sortant du magasin, ils se retrouvent dans un café et décident, après avoir refait le monde et sans doute bu quelques bières, de fonder une association de modélisme ferroviaire. Le RAMCAS était né. Le docteur Dolfuss en est le premier président et signe en 1971 la convention pour la mise à disposition d’une voiture SNCF. Le premier local se trouve rue de l’Ours, non loin de l’actuelle Cité du Train.
Cette année correspond aussi à la création du Musée Français du Chemin de Fer. Partageant la même passion à une échelle différente, nos deux associations entretiennent de solides liens dès leurs débuts, et ce partenariat n’a cessé de se développer en cinquante ans. Le premier réseau du RAMCAS est intégré au musée dès son ouverture à Mulhouse-Nord et ses successeurs, beaucoup plus grands, font partie intégrante du site de Dornach. Nous organisons aussi des expositions annuelles de modélisme et participons à de nombreux évènements d’envergure depuis des décennies, tel que la célébration des 150 ans de la ligne Mulhouse-Thann en 1989.
Le club est actuellement dans une dynamique grandissante, et peut compter sur l’investissement et la passion de chacun de ses membres. Mais la route est longue et nous avons encore deux grands chantiers à mener : l’aménagement d’un local de travail, qui est en bonne voie, et l’augmentation du nombre de jeunes membres dans l’association, dans laquelle règne une superbe ambiance depuis de nombreuses années. Pour reprendre une métaphore ferroviaire, nous sommes sur les rails …
Le modélisme ferroviaire est une affaire de passionnés. Comment définiriez-vous cette pratique ? Quelles compétences permet-elle de valoriser ?
Notre association vise à favoriser la rencontre entre amateurs de chemins de fer et modélistes ferroviaires. Concrètement, cette volonté se traduit sur plusieurs plans, à commencer par le partage de connaissances et la valorisation de l’expérience collective résultant des travaux de chacun. Le modélisme, c’est une appétence pour la reproduction fidèle et le respect de l’échelle. Cette pratique vise à inculquer le goût pour l’observation et à perfectionner les connaissances de chacun en matière de mécanique, d’électricité et autres notions connexes.
Par l’échange, il s’agit aussi de conseiller et orienter les membres dans leurs choix de matériels en leur apportant des possibilités d’approvisionnement et de construction en commun. La dimension de partage est importante au sein de l’association, puisque nous encourageons la création de réseaux collectifs et la constitution d’un atelier permettant aux membres de construire leurs modèles ou faire des essais, mais également en dehors du seul RAMCAS : un noyau d’action assure les liaisons avec d’autres associations d’amateurs ferroviaires en France comme à l’étranger. Du fait de son implantation dans un musée, l’association entend être en mesure de répondre aux questions et remarques des visiteurs, en essayant de susciter en eux une envie de création. Pour des personnes parfois isolées ou à mobilité réduite, admirer un réseau modéliste en mouvement, c’est une invitation au voyage et au rêve.
En effet, le RAMCAS a la chance d’être installé au cœur du plus grand musée ferroviaire d’Europe, à proximité immédiate de plus de 100 matériels roulants à l’échelle 1. Que représente cet environnement exceptionnel pour le club et ses membres ?
Être intéressé par le modélisme conduit à s’intéresser à la réalité des modèles reproduits. Pour les membres du RAMCAS, c’est donc un splendide atout de résider à la Cité du Train, en regard aux matériels roulants qui y sont exposés, et en particulier ceux de la SNCF, véritables fleurons de notre patrimoine national. La Cité du Train accueille annuellement des milliers de visiteurs, qui passent devant le local du RAMCAS. Cela donne aux membres du club une occasion formidable de nouer le dialogue et de promouvoir leur passion.
Cette situation est également une carte de visite inégalable : le RAMCAS peut profiter de l’aura du « grand » chemin de fer pour attirer de nouveaux membres vers le « petit » et faire naître des vocations. À nous de nous montrer à la hauteur en proposant des animations satisfaisant les visiteurs. C’est une chance de venir au RAMCAS en admirant tous ces engins préservés et très bien entretenus ! Il est particulièrement intéressant, pour un modéliste, de pouvoir photographier et observer de près des matériels en vue de les reproduire aux échelles HO (1/87e) ou N (1/160e).
Le RAMCAS organise chaque année le Salon du Modélisme. Cet évènement est l’occasion de réunir des professionnels du secteur mais aussi de faire découvrir le modélisme ferroviaire aux visiteurs du musée. Quel est votre retour sur cette expérience ?
Le fait de pouvoir organiser chaque année le Salon du Modélisme dans l’environnement prestigieux du musée représente un attrait indiscutable, tant pour les membres que les exposants et les visiteurs. C’est l’un des rares salons de modélisme où matériels réels et miniatures sont voisins dans la même enceinte. Ce cadre est l’environnement rêvé de tout ferromodéliste pour cultiver sa flamme ! Le Salon permet d’attirer une foule hétéroclite : des enfants, bien sûr, auxquels on espère inoculer le virus sain de la passion pour le monde ferroviaire, des amateurs en quête de nouvelles expériences, connaissances ou conseils, et un public non familier avec la Cité du Train qui la découvre au travers du Salon.
Après en avoir parlé avec mes collègues du club modéliste de La Frette-sur-Seine, ces derniers ont été surpris d’apprendre que l’exposition pouvait se faire parmi la collection du musée. Plusieurs de ses adhérents ont bien l’intention de venir visiter les lieux, en vue de demander la participation de notre club lors d’une future exposition.
À l’heure du tout-numérique, quels moyens mettre en œuvre pour capter l’attention des plus jeunes ?
Il faut montrer que le modélisme ferroviaire suit la technologie tout en s’efforçant de proposer des solutions raisonnables du point de vue économique. On peut également profiter des réseaux sociaux pour promouvoir notre activité et offrir la possibilité aux jeunes passant par la Cité du Train de faire fonctionner un réseau de démonstration numérisé.
Le numérique a apporté son lot de révolutions qui se sont progressivement intégrées dans nos loisirs et pratiques : simulation, conception et fabrication assistées par ordinateur, pilotages numériques depuis un smartphone, ou encore sonorisation et caméras embarquées, la liste est loin d’être exhaustive … Les jeunes sont friands de vidéos. C’est un format que l’on pourrait explorer à l’avenir, sur le modèle de ce qui se fait déjà sur des sites spécialisés comme EspaceTrain.com.
Pour finir, avez-vous un souvenir ou une anecdote à nous partager ?
En 1972, je m’étais rendu par curiosité à une réunion du RAMCAS. Ce jour-là, un film en Super 8 relatait une excursion faite par le club au chemin de fer de la Jungfrau, une ligne de montagne suisse parmi les plus élevées d’Europe. Dès les débuts de son existence, la soif de voyage et de découvertes était déjà forte au sein du club. Et près d’un demi-siècle plus tard, la flamme est loin d’être éteinte, bien au contraire …