"Pour ce cinquantenaire, nous avons vu les choses en grand : la rétrospective est une véritable saga historique en cinq chapitres."
La Cité du Train fête cette année ses 50 ans. Face à un contexte sanitaire encore incertain, l’équipe du musée a choisi de réaliser une rétrospective digitale retraçant l’histoire de l’établissement. Pouvez-vous nous en dire plus sur les coulisses de ce projet ?
En effet, les incertitudes liées à la période que nous traversons nous ont incité à modifier nos plans. L’idée originelle était d’organiser une grande manifestation le 12 juin 2021, comme cela avait pu être le cas pour les 25 ans. Nous avons finalement opté pour un rendez-vous en grande partie numérique, autour du lancement d’une rétrospective en ligne retraçant l’aventure de la Cité du Train – Patrimoine SNCF.
Des premières réflexions lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900, en passant par les premières années du Musée Français du Chemin de Fer à la demi-rotonde de Mulhouse-Nord, et jusqu’aux enjeux actuels, ce site richement documenté permet à tout à chacun de se plonger dans l’histoire de la Cité du Train et de ses collections d’exception. Vous pourrez découvrir de nombreuses archives inédites, qui ont fait l’objet d’un important travail de valorisation mené depuis plusieurs mois par nos équipes. Des grands témoins de l’histoire du musée prendront également la parole, et partageront avec vous leur expérience et leurs plus beaux souvenirs de la Cité du Train.
Ce projet immersif est le fruit d’une collaboration avec l’agence strasbourgeoise Vuxe et la startup Blumenlab, lauréate de la première promotion SNCF de l’Incubateur du Patrimoine. Avec la rétrospective, nous avons souhaité vous proposer une nouvelle expérience de visite, en proposant une exposition entièrement virtuelle et en permettant de monter à bord de certains matériels, inaccessibles pour des raisons de sécurité ou de conservation.
Pour ce cinquantenaire, nous avons vu les choses en grand : sans se limiter à la date anniversaire du 12 juin, la rétrospective est une véritable saga historique construite en cinq chapitres. À l’heure actuelle, seuls les deux premiers sont déjà en ligne, et vous pourrez, à la manière d’une série, découvrir les prochains épisodes tout au long de l’été, au rythme d’un par mois entre juin et septembre. Des rendez-vous à ne pas manquer !
Dépositaire d’une importante collection propriété de la SNCF, le musée est fortement ancré au cœur de son territoire. En tant que président de l’association, comment articuler ce partenariat entre SNCF et m2a (Mulhouse Alsace Agglomération) ?
La pérennité de la Cité du Train – Patrimoine SNCF repose sur son succès commercial, l’engagement de ses salariés et ses bénévoles mais aussi sur le fidèle soutien de SNCF et de m2A.
La Cité du Train repose en effet sur une synergie entre dynamiques nationales et territoriales, ce qui lui confère sa dimension unique et son rayonnement au quotidien. Le Groupe SNCF nous donne les moyens de valoriser au mieux son importante collection de matériels roulants, mémoire d’une entreprise et, plus largement, de tous les Français. m2A nous apporte un soutien financier essentiel, tant pour couvrir nos dépenses d’exploitation que pour supporter de nouveaux investissements destinés à mettre en valeur un patrimoine qui s’est continuellement enrichi depuis 1971.
Pour vous donner quelques chiffres, le budget annuel de la Cité du Train – Patrimoine SNCF est de l’ordre de 2,3 M€. Il peut engager chaque année plusieurs dizaines milliers d’euros d’investissements pour moderniser et améliorer l’attractivité de notre musée.
Un mot enfin concernant la Ville de Mulhouse, qui met à notre disposition les bâtiments de la Cité du Train – Patrimoine SNCF dans le cadre d’un bail de longue durée.
Sans nos partenaires locaux, la Cité du Train ne pourrait être ce qu’elle est aujourd’hui, à savoir le plus grand musée ferroviaire d’Europe. Elle est, tant pour le Groupe SNCF que pour le territoire mulhousien, un véritable joyau.
Les salariés de la Cité du Train, au nombre de 14, gèrent le quotidien d’un site de 60 000 m² ouvert 364 jours par an. Ils sont dans ce contexte accompagnés d’une équipe de bénévoles, tous issus du monde ferroviaire. Que représente le binôme salariés/bénévoles pour un musée de cette ampleur ?
C’est une authentique richesse de pouvoir bénéficier d’un tel binôme ! Tous les salariés de la Cité du Train – Patrimoine SNCF, à commencer par le directeur général, sont extrêmement polyvalents. Le fonctionnement de cette équipe à taille humaine repose sur la complémentarité du savoir-faire de chacun.
Depuis 2013, le musée fait appel aux membres de l’association pour compléter l’action des salariés et promouvoir son patrimoine auprès du public. Les bénévoles, au nombre d’une quarantaine, partagent leur passion et leurs compétences spécifiques pour assurer des missions indispensables pour le développement du musée.
Pour la plupart anciens professionnels du rail, leur diversité, leur engagement et leur enthousiasme apporte une vraie plus-value dans le parcours des visiteurs ainsi que le quotidien des salariés.
Le chantier des collections étant actuellement réalisé par les équipes de la Cité du Train, quels sont les enjeux liés à la conservation, à la valorisation et à la diffusion des connaissances auprès des visiteurs ?
La Cité du Train a reçu l’appellation « musée de France » dès 2002. Bien qu’exigeante, cette distinction est extrêmement valorisante pour le musée et ses partenaires. Elle constitue un gage de qualité pour nos visiteurs.
En 2019, le musée a dans ce contexte débuté son chantier des collections : mise à jour de son inventaire, refonte de ses réserves, de sa documentation… sont autant de missions qui participent à une meilleure conservation, connaissance et valorisation des collections.
Dans ce cadre, le développement de la médiation culturelle, notamment à travers des outils numériques, constitue une piste non négligeable dans la diffusion des savoirs. La rétrospective des 50 ans s’impose comme une première pierre de ce chantier d’envergure.
Si cette année 2021 permet de faire le bilan des cinq premières décennies du musée, elle est aussi l’occasion de fêter les 40 ans du TGV. Dans ce contexte, la Cité du Train proposera dès septembre prochain l’inauguration de sa nouvelle exposition permanente consacrée à la Grande Vitesse ferroviaire. Que représentent ces deux événements pour le musée ? Quels seront les projets au lendemain de cette année-anniversaire ?
D’une certaine manière, le calendrier fait bien les choses : après plusieurs mois de fermeture, ces deux événements majeurs vont donner envie au public de venir, ou de revenir, à la Cité du Train – Patrimoine SNCF. En ligne comme au musée, l’heure sera à la célébration de ce double anniversaire : le dernier chapitre de la rétrospective sortira début septembre, en amont de l’inauguration de l’exposition permanente lors des Journées Européennes du Patrimoine des 18 et 19 septembre prochains. Celle-ci permettra au public de revivre l’aventure de la Grande Vitesse et de redécouvrir des matériels mythiques, à savoir la Rame à Turbine à Gaz et le célèbre TGV orange, au sein d’un nouvel espace scénarisé par les agences parisiennes La Fabrique Créative et Azimuse.
Au travers d’un riche programme, nous espérons retrouver au plus vite le niveau de fréquentation qui était le nôtre avant la crise sanitaire, à savoir 100 000 visiteurs par an. À l’issue de cette année chargée en symboles, nous comptons poursuivre sur notre lancée et concrétiser les projets de notre association autour de la sauvegarde des collections et des bâtiments. Il est capital, en somme, de renforcer l’attractivité de notre musée pour les visiteurs et de contribuer au dynamisme du pôle muséal d’envergure qu’est Mulhouse.
Enfin, avez-vous une anecdote ou un souvenir particulier au sujet du musée que vous souhaitez partager avec nous ?
Dans le cadre de mes fonctions actuelles au sein de la Direction de l’immobilier de la SNCF, j’ai en charge la rénovation d’un bâtiment à Sotteville-lès-Rouen, dont le nom est Buddicom, rue Buddicom… Une bien belle coïncidence avec l’un des joyaux du musée : la locomotive à vapeur 111 Buddicom Saint-Pierre, la plus ancienne conservée sur le continent européen, qui est à l’affiche de nos 50 ans !